Si une hernie discale apparaît, les racines du nerf sciatique peuvent être comprimés. La solution la plus adaptée est parfois l’opération. Dr Nicolas Barut, chirurgien orthopédiste spécialisé dans la colonne vertébrale à l’Institut Parisien du Dos, nous explique dans quels cas cette intervention doit être envisagée et comment elle se déroule.
Hernie discale : qu’est-ce que c’est et par quels facteurs est-elle causée ?
La hernie discale peut entraîner une douleur ressentie au niveau du dos et dans la jambe, provoquée par un problème au niveau d’un disque intervertébral (il se situe entre chaque vertèbre). « Ce disque est composé de deux parties, un noyau mou et un anneau périphérique dur et fibreux », commence le Dr. Nicolas Barut. « Si le disque est abîmé, la partie dure peut se fissurer. La partie molle peut alors comprimer une racine nerveuse ». La hernie discale la plus fréquente est celle au niveau des racines L5 et S1 (origine du nerf sciatique) et cause une douleur tout le long de ce nerf, puisque la compression a lieu dès la racine. Elle peut donc être la cause de ce que l’on appelle plus communément une sciatique. Mais une hernie discale peut survenir sur n’importe quelle vertèbre (y compris au niveau des cervicales).
Quels sont les symptômes d’une hernie discale ?
« Une douleur au niveau du dos n’est pas obligatoirement une hernie discale », prévient le chirurgien. Mais alors comment reconnaître les premiers symptômes d’une hernie discale ? « La douleur ressentie est celle d’une sciatique, une douleur derrière la cuisse et la jambe, ou une cruralgie, une douleur devant la cuisse ». Deux types de signes sont souvent reconnus car le nerf sciatique comprimé est un nerf mixte, c’est-à-dire qu’il est à la fois sensitif et moteur. Ainsi, vous pouvez avoir une sensation d’engourdissement, de fourmillements, des crampes ou ressentir comme de petites décharges électriques. « Vous pouvez aussi avoir la sensation d’être comme comprimé dans un étau », précise le Dr. Nicolas Barut.
Hernie discale : quels sont facteurs qui favorisent son apparition ?
La cause d’une hernie discale est souvent multifactorielle. « Il peut y avoir une dimension héréditaire », commence l’expert. « Mais ce n’est pas tout, puisque le surpoids et l’obésité peuvent aussi accroître le risque de hernie discale ». Enfin, le port de charges lourdes au quotidien dans certains métiers, de mauvaises positions répétées peuvent aussi être des facteurs de risque. « Une hernie discale peut même être développée par des sportifs qui reproduisent toujours le même geste avec des charges lourdes ». Enfin, une déformation de la colonne vertébrale peut accélérer le vieillissement d’un disque et entraîner une hernie discale.
Hernie discale : quand envisager l’opération?
« L’opération s’envisage toujours en dernier recours« , prévient le professionnel de santé. En effet, le traitement chirurgical est évoqué lorsque tous les traitements médicaux n’ont pas fonctionné et que la douleur reste présente. « On essaye d’abord de la traiter avec une prescription d’antalgiques, d’anti-inflammatoires et de séances de rééducation ». Le patient est aussi invité à se reposer. Mais cela ne veut pas dire qu’il faut rester dans son canapé : la solution est dans le mouvement. C’est-à-dire qu’il faut bannir les charges lourdes, les sports trop intenses, mais continuer de marcher et d’être actif.
Si ces premières solutions médicales ne fonctionnent pas, alors des infiltrations peuvent être envisagées. « On injecte un produit (souvent des corticoïdes) au contact de la hernie, pour diminuer l’inflammation », explique le Dr. Barut. « On ne traite pas la hernie en elle-même, mais on agit sur la douleur« . Si la hernie discale ne se résorbe pas et que la douleur persiste, l’opération peut être une solution. « Si la plupart des hernies discales se résorbent d’elles-mêmes, certaines sont exclues et ne peuvent pas disparaître. »
Quels examens avant une opération de la hernie discale ?
Si l’opération se révèle être la solution envisagée pour vous soigner, il faut réaliser des examens avant de passer au bloc. « D’abord, vous devez passer un IRM, ou éventuellement un scanner si le patient est claustrophobe ou porte un ancien pace-maker ». Si une hernie est repérée à l’imagerie et que cette dernière correspond à l’endroit où vous avez mal, alors vous pouvez être opéré pour enfin être débarrassé de la douleur. « Il faut qu’il y ait une concordance entre la place de la hernie et votre douleur« , prévient le chirurgien. « On n’opère pas une hernie indolore ».
L’opération de la hernie discale est une chirurgie dite « programmée », c’est-à-dire qu’elle est rarement réalisée en urgence. Mais parfois, une hernie discale demande une opération très rapide : « c’est le cas lorsque le patient a un syndrome de la queue-de-cheval », commence le chirurgien. « La hernie est très volumineuse et s’aggrave ce qui empêche le patient de sentir sa jambe, de bouger, et même de retenir son urine ou ses selles ». Il faut alors consulter très rapidement !
Opération de la hernie discale : comment se déroule l’intervention ?
Comme toutes les opérations, celle de la hernie discale doit être bien préparée. « On prend toutes les précautions nécessaires ». Ainsi, le patient est interrogé sur ses antécédents : ses éventuelles opérations du dos, ses problèmes cardiaques et respiratoires… Il a également un rendez-vous avec un anesthésiste puisque l’opération de la hernie discale se fait sous anesthésie générale.
Si le rendez-vous s’est bien passé, l’intervention peut être programmée. Le patient est hospitalisé soit la veille, soit le jour même. « L’opération dure environ 20 à 45 minutes », déclare le chirurgien. Lorsque le patient se réveille, il ne ressent plus du tout, ou très peu de douleur : « On n’améliore pas toujours la douleur à 100%, mais plutôt entre 80 et 90 % », précise l’expert. Si tout s’est bien passé, le patient peut sortir 24 à 48 heures après l’intervention.
Hernie discale : quelles précautions prendre après une opération ?
Les séances de rééducation ne sont pas prescrites tout de suite. En effet, il faut attendre que tout cicatrise bien avant. Environ un mois après l’opération, un rendez-vous de contrôle est mis en place. Si la cicatrisation est bonne, c’est à ce moment là que le chirurgien peut prescrire des séances de rééducation avec un kinésithérapeute afin de renforcer le dos du patient sur le long terme. « On prescrit en général 30 séances à réaliser sur plusieurs mois ».
Quand reprendre le travail ? « Tout dépend du métier que le patient exerce », prévient le Dr Barut. « En général, l’arrêt de travail dure un mois« . Si vous travaillez dans un bureau ou que votre métier ne nécessite pas de faire trop de mouvements ou de porter des charges lourdes, vous pouvez reprendre plus facilement que si vous exercez un métier manuel.
Peut-on récidiver, c’est-à-dire développer à nouveau une hernie discale à un endroit différent ou au niveau de la même vertèbre ? « Oui, mais c’est assez rare », constate Dr. Barut. « Il y a environ 10% de cas de récidives, et cette récidive est souvent liée à un non-respect des consignes post-opératoires comme le fait de porter à nouveau des choses lourdes ».
Opération de la hernie discale : quels sont les risques ?
Comme toutes les opérations, celle de la hernie discale comporte des risques.
- Le risque lié à l’anesthésie générale : « il reste très rare », rassure le chirurgien. Ensuite, il y a les risques liés à la chirurgie. Le risque principal (moins de 1%) est le risque neurologique car il s’agit d’une chirurgie de la colonne vertébrale où se trouve l’émergence des nerfs. Le risque est donc la paralysie d’un nerf, mais cela reste exceptionnel.
- Le risque d’infection du site opératoire (de 1 à 4%), favorisé si le patient est fumeur, souffre de surpoids ou d’obésité, de diabète ou s’il a déjà fait une infection lors d’une précédente opération du dos. « Si le patient a une infection, il a de la fièvre et parfois des écoulements au niveau de la cicatrice ». La solution ? “Réopérer pour faire un lavage, des prélèvements puis un traitement antibiotique”.
- Le risque d’hématome, qui est de l’ordre de moins de 1%. Il peut survenir si le patient est sous traitement anticoagulant (même s’il est arrêté en pré-opératoire). Dans ces cas-là, il faut réopérer pour évacuer l’hématome.
Merci au Docteur Nicolas Barut, Chirurgien orthopédiste spécialisé dans la colonne vertébrale à l’Institut Parisien du Dos, pour ses conseils.